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D’où vient la peur d’être soi en public ?

Qu’est-ce que la glossophobie ?

On appelle « glossophobie » la peur de parler en public. Il s’agit finalement d’une peur très répandue. Elle est une manifestation évidente de l’anxiété sociale. Chez l’être humain, cette anxiété sociale est généralement liée au fait de se sentir observé, jugé, rejeté, humilié.

Durant toute notre vie nous sommes amenés à prendre la parole en public, devant une personne ou toute une assemblée. Face à cette source de stress plusieurs scénarios peuvent se dessiner :

Le pire des scénarios : une prise de parole en panique
Dans ce cas très répandu, avec ou sans support, la prise de parole est une situation vécue de manière très désagréable voire traumatisante. Celui ou celle qui prend la parole ne parvient pas à dépasser son stress, ses tensions physiques et mentales. La voix et le corps tremblent, le discours est confus, le débit de parole accélère pour terminer au plus vite le propos. Cette situation est vécue comme un échec personnel. C’est le scénario qu’il faut éviter.

Le scénario intermédiaire : une prise de parole avec des appuis qui rassurent
Il s’agit là de la prise de parole maîtrisée grâce à des appuis (discours écris et lu, prise de parole récitée ou en groupe, PowerPoint projeté) qui vont mettre à l’aise celui ou celle qui prend la parole. Dans cette configuration, les tensions physiques et mentales ne sont pas forcément dépassées, mais elles sont contenues parce que l’attention du public n’est pas toujours portée sur la personne qui parle, et cette dernière va pouvoir se concentrer sur le Powerpoint, sa feuille de papier ou tout simplement sur la récitation de son propos plutôt que sur les personnes qui la regardent. Mais lorsqu’on ne regarde plus les personnes à qui on s’adresse ou qu’on incarne pas un minimum ce qu’on est en train d’affirmer, notre prise de parole perd en authenticité, en force et en impact. Il en est de même lorsque le regard du public est détourné vers un support projeté plutôt que sur celui qui prend la parole. Nous avons eu ces dernières années dans les entreprises et en politique par exemple, une multiplication des discours lus ou prononcés avec supports au détriment de prises de parole sans notes ni supports mais adressées avec force de conviction. Ce scénario intermédiaire peut toutefois permettre à des moments du discours un certain lâcher prise. C’est un scénario acceptable.

Le meilleur scénario : une prise de parole en lâcher prise
Ici, il ne s’agit pas d’être en roue libre mais de dépasser toutes les tensions physiques et mentales nous empêchant de libérer les mots, les émotions, les idées, les gestes et les mouvements pour une prise de parole réussie voire charismatique. Ce scénario nécessite un ancrage au présent, un ancrage avec soi-même, un ancrage avec le public afin de s’exprimer de manière claire et forte tout en prenant un grand plaisir à le faire. La personne n’a ici pas peur de sa singularité, mais au contraire, elle la met avec talent au service du discours sans en faire trop, ni pas assez. L’orateur s’amuse avec son public, il l’écoute, le regarde, utilise les silences pour mieux poursuivre. La prise de parole marque déjà les esprits, et bien après beaucoup vont en reparler. C’est le meilleur scénario.

Si la pratique et l’expérience peuvent permettre de s’améliorer et de s’apaiser avec cet exercice, certains individus vont adopter des stratégies d’évitement. Dans le monde professionnel ou associatif par exemple, ces stratégies d’évitement peuvent se traduire par le refus de postes à responsabilité. À l’école ou à l’université, on va rester chez soi pour éviter de passer son oral. Dans la vie personnelle, on va s’isoler ou s’imposer la discrétion par exemple en se faisant tout petit à une table lors d’une soirée. La peur de la prise de parole en public peut aussi survenir devant une seule personne, un inconnu mais aussi en face d’une personne que l’on connaît parfaitement mais avec laquelle on se sent moins important, moins légitime.

Pourquoi et comment se manifeste cette peur ?

Elle va se manifester avant, pendant et après la rencontre et la prise de parole :

  • Avant, on ressasse en permanence l’appréhension liée à la future rencontre ou la prise de parole ;
  • Pendant, on va avoir la sensation de jouer sa vie, le rythme cardiaque s’accélère, le corps peut se mettre à trembler, la respiration devenir difficile, la gorge se nouer, le cerveau s’anesthésier rendant impossible l’organisation des idées ;
  • Après, un sentiment de honte et d’échec personnel peut survenir et nous préoccuper pendant plusieurs jours.

Réunions de famille ou avec des amis, exposé à présenter, oral de bac ou d’université, chez le commerçant au moment d’acheter quelque chose, un discours de témoin de mariage, une assemblée générale d’une association, un discours politique, une réunion commerciale, un conseil d’administration, un rendez-vous galant, un appel téléphonique ou encore une visio-conférence : voilà quelques situations où la peur peut survenir.

Nous livrons des morceaux de nous-même lorsque nous apparaissons en public. Notre voix, notre corps, notre façon d’être et de bouger, le choix de nos mots, notre façon de nous habiller sont des éléments exposés au public et qui peuvent lui permettre de saisir des éléments sociaux, culturels, psychologiques, physiques sur nous-même. Forger sa voix en étant soi, voilà un formidable défi de vie.

Dans des cas plus spécifiques, la peur de la prise de parole en public peut aussi avoir des origines génétiques, être liée à un traumatisme ou encore à l’état de santé de l’individu. 

S’accepter est une des clefs 

L’une des clefs fondamentales est de s’accepter tel que l’on est, d’accepter d’être soi en public. Être soi n’implique pas de livrer tout son monde intérieur au monde extérieur, mais simplement d’être bien ancrer avec soi de sorte à ne pas sonner faux. Intéresser, captiver, séduire, convaincre ou tout simplement se faire entendre des autres, tout ceci devient alors possible.

Les techniques du théâtre et d’acting offrent de nombreux outils de travail, d’introspection et d’exploration pour arriver à cette étape cruciale. Car si le comédien interprète un rôle, il se doit toujours d’être sincère dans ce qu’il propose, autrement son jeu sonne faux. Le comédien met donc énormément de ce qu’il est dans sa prestation théâtrale, sans que le public sache nécessairement d’où cela vient précisément et quels éléments de sa vie personnelle ont pu être la source d’inspiration.

L’accompagnement que je vous propose vise le scénario de prise de parole en lâcher prise. Le meilleur des scénarios.

Benoît CUTURELLO, comédien et coach-formateur en prise de parole en public – 📍Paris


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